C’est également en 2008 que s’est tenu notre premier congrès scientifique international sur le thème « Soigner les victimes d’inceste » patronné par votre ministère, congrès auquel a participé le Directeur Général de la Santé. Vous et nous avons pu constater notre retard par rapport aux pays étranger et la nécessité d’agir. C’est pourquoi, ne disposant d’aucun chiffre en France, AIVI a réalisé un sondage permettant d’évaluer à deux millions le nombre de victimes d’inceste en France (sondage AIVI 2009 par IPSOS). Le Conseil de l’Europe évalue lui qu’un enfant sur cinq est victime.
Afin d’attirer l’attention de notre gouvernement sur le fléau de santé publique que sont les violences sexuelles, nous avons réalisé un sondage élaboré avec des spécialistes de santé afin de connaitre l’impact de cette violence sur la vie des personnes victimes et non victimes. Les résultats sont éloquents : suicide, tabagisme, toxicomanie, alcoolisme, anorexie, dépression, la liste est longue (cf annexe sondage AIVI 2010 par IPSOS).
Madame la Ministre, force est de constater que notre pays accuse un retard abyssal dans la connaissance des traumatismes liés aux violences sexuelles et par conséquent dans leur prise en charge. Ce retard plonge les victimes dans une errance thérapeutique humainement insupportable, qui de plus coûte cher à notre société.
Pour preuve, un éminent pédopsychiatre plébiscité par les medias et nos institutions énonce que « la majorité des enfants abusés vont bien » (Allo Rufo sur France 5 en annexe). Les explications inexactes de ce spécialiste sur le cas traité démontrent les dégâts qui peuvent découler d’une telle méconnaissance du sujet sur les victimes, les proches mais aussi les médecins qui l’écoutent.
Compte tenu du nombre de personnes concerné, de la gravité des troubles et symptômes subis, nous sollicitons l’ouverture d’un travail sur ce sujet par votre ministère. Nous gagnerions du temps à inviter le Pr Felliti qui a mené une étude sur 17000 personnes sur ce sujet (ACE Study), étude qui a été reprise par plusieurs pays et l’OMS et qui a servi de base à notre sondage.
Nous demandons la mise en place d’études épidémiologiques afin de bâtir des formations basées sur des études scientifiques et non sur les travaux centenaires du Dr Freud qui ont fait long feu dans le monde entier, sauf en France. Accepteriez-vous que l’on soigne par exemple la tuberculose en utilisant des techniques et théories vieilles d’un siècle ?
Nous, victimes, ne l’acceptons plus, comme nous n’acceptons plus d’entendre que l’inceste subi est un fantasme comme le dit Mr Rufo (2e théorie de Freud). Il est urgent d’agir c’est pourquoi nous sollicitons une rencontre pour en parler.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de nos cordiaux sentiments.
Isabelle Aubry, Présidente
PJ : Retranscription émission France 5 Allo Rufo, sondage AIVI 2010 sur la santé des victimes par IPSOS -- |