Bonjour à toutes, Bonjour Bernard ainsi qu'aux rares hommes de passage.
Voilà un p'tit témoignage qu'il m'a paru intéressant de vous transmettre.
Je suis né avec la psychanalyse pratiquement, mon frère de 6 ans mon ainé qui, lui même détruit par notre mère commune, m'a aussi bien abîmé. Mais c'était un étrange mélange comme il y a dans les familles, d'un rôle soit-disant protecteur mais en même temps abusif.
Et ce frangin me présentait la démarche psychanalytique comme le salut, lui qui ne l'avait pas trouvé dans la religion ni dans l’extrémisme politique.
Alors je me suis à mon tour engagé dans cette vois et plus tard épousé une fervente militante de la psychanalyse. J'ai balancé pas mal de temps, d'énergie et d'argent sur les fauteuils et divans de divers analystes.
Et je suis resté des années avec ce "rêve américain" de la psychanalyse qui consisterais à découvrir LE lien, L'évènement déclencheur de la névrose ou de tel ou tel de ses aspects.
C'est pas complètement faux puisque c'est en progressant ainsi que l'inceste subit de la mère et du frère sont progressivement arrivés en pleine lumière.
Et de se dire : "Ah je comprends, je suis ainsi parce que ..."
Phrase qui n'a guère de portée si l'on ne fait pas aussi un travail pour étudier par le menu les mécanismes psychologiques intimes qui font ce lien de cause à effet et qui le cristallisent à l'âge adulte.
Alors oui, trouver, nommer, le ou les traumas (qui auraient été occultés) est essentiel.
Mais absolument pas suffisant (ou presque jamais).
Or, la "culture psychanalytique dans laquelle je baignais depuis toujours, comme les cornichons dans le vinaigre, supposait un profond mépris pour toute autre technique psychothérapeutique qui ne reposerait pas sur la recherche de l'origine des comportements, comme tout ce qu'on mettait dans la case "comportementalisme" avec une certain dose d'amalgame, puisque c'est à la mode.
Voilà pourquoi je me suis tenu trop longtemps éloigné de ce que j'ai découvert maintenant : Une Psy super : Elle fait tout : l'EMDR l'Hypnose Ericsonienne, etc..
"Vous êtes un vieux routier de la psychanalyse et vous avez sans doute déjà tout déterré ou presque, passons à autre chose", m'avait-elle dit.
A quoi bon ressasser toujours les mêmes histoires, le même passé douloureux ? On ne le changera pas. Vivons au présent.
Alors on fait du renforcement positif, du recentrage etc..
Et bien ce travail là n'est pas du tout coupé du travail précédent comme les a priori pouvaient le faire croire.
Car, à force de me faire plus confiance, d'oser d'avantage (et de réussir),des éléments du passé, en apparence anodins, ressurgissent furtivement et prennent sens ou reprennent la place correcte qu'ils auraient du occuper (l'EMDR y es pour beaucoup je pense.
C'est comme si notre esprit était une pyramide avec, le conscient haut situé, où les traumas s'enracineraient dans la base. Et bien le travail sur tout ce qu'il y a entre le sommet et la base participe +++ de rompre les liens pathologiques qui se sont installés entre les deux. Et ce travail ne contredit en rien l'examen de la base.
Mais l'idée que la contemplation incessante et exclusive du trauma et de ses micro-répétitions puisse être à elle seule une thérapeutique efficace, est fausse.
Sans doute enfonces-je une porte ouverte pour certaines d'entre vous. Mais je tenais à le dire car si je me suis trop longtemps complu dans le récit de mes histoires incestueuses et dans celui de mes comportements perturbés, avec peu d'efficacité sur le long terme, il se peut que d'autres fassent de même.
Voilà ! Diversifions nos démarches, diversifions nos activité sociales. Et tout à coup çà va mieux sans avoir forcément bien compris pourquoi. Mais est-ce le plus important?
Bise à toutes (et tous).
Philippe
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